Cet œuvre est composé de trois mouvements sur les textes de Louise Labé, dans l’ordre suivent:
N 8 « Je vie je meurs » 3’30
N 18 « Baise m’encor » 1’30
N16 « Après qu’un temps la gresle et le tonnerre » 2’30
Louise Labé
(1516?-1565)
VIII e sonnet
Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie.
J’ai chaud extrême en endurant froidure ;
La vie m’est et trop molle et trop dure.
J’ai grands ennuis entremêlés de joie.
Tout à un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j’endure ;
Mon bien s’en va, et à jamais il dure ;
Tout en un coup, je sèche et je verdoie
Ainsi Amour inconstamment me mène.
Et quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.
Puis quand je crois ma joie être certaine,
Et être au haut de mon désiré heur ,
Il me remet en mon premier malheur.
XVIII e sonnet
Baise m’encor, rebaise moy et baise
Donne m’en un de tes plus savoureus,
Donne m’en un de tes plus amoureus :
Je t’en rendray quatre plus chaus que braise
Las, te plains-tu ? ça que ce doux mal j’apaise,
En t’en donnant dix autres doucereus.
Ainsi meslans nos baisers tant heureus
Jouissons nous l’un de l’autre à notre aise.
Lors double vie à chacun en suivra.
Chacun en soy et son ami vivra.
Permets m’Amour penser quelque folie :
Tousjours suis mal, vivant discrettement
Et ne me puis donner contentement,
Si hors de moy ne fay quelque saillie.
XVI e sonnet
- Après qu’un temps la grêle et le tonnerre
- ont battu le haut mont du Caucase,
- le beau jour vient, revêtu de lumière.
- Quand Phébus a fait le tour de la terre,
- et qu’il regagne l’Océan à grande vitesse :
- Sa soeur se montre avec sa tête pointue.
- Quand le Parthe a combattu quelque temps,
- il prend la fuite et il décoche une flèche.
- Il y a quelque temps, je t’ai consolé dans ta détresse
- et tu me reprochais la tiédeur de mes sentiments :
- mais maintenant que tu m’as embrasée,
- et que je suis au point auquel tu me voulois :
- tu as arrosé ta flamme d’un peu d’eau,
- et tu es plus froid que je n’étais.