«Les Parisiens le croisent sans doute régulièrement sans le connaître. Pas le prêtre de l‘église apostolique arménienne en chair et en os mais son imposant double en bronze, haut de deux mètres, dressé à proximité du pont des Invalides. Cette statue fut inaugurée «en hommage à Komitas, compositeur, musicologue, et aux 1 500 000 victimes du génocide annénien de 1915 perpétré dans l’Empire ottoman ». Né en Turquie, Soghomon Soghomonian prend le nom de Komitas devenu prêtre et profite de sa formation de musicologue pour collecter la musique populaire arménienne. Terriblement éprouvé par son arrestation à Constantinople en avril 1915, il verra sa santé mentale peu à peu se dégrader et mourra à hôpital psychiatrique à Villejuif. Un tel parcours et un tel travail mémoriel explique la puissance symbolique de Komitas au sein de la communauté arménienne. La musique populaire qu’il a compilée puis arrangée a d’ailleurs fait l’objet de nombreux enregistrements.
la présente publication, soignée comme sait le faire Megadisc Classics, accompagnée d’un riche texte de présentation et magnifiée par une prise de son exemplaire, s‘organise en deux CD, quatuor puis piano. Le Quatuor Hugo Wolf, récemment salué par un Choc de Classica (n° 181) pour son interprétation de la musique de Philippe Hersant, appréhende ces pages brèves, marqués d’accents délicieusement orientalisant (on pense évidemment à Khatchatour‘ian) avec une perfection instrumentale et variété de couleurs admirables. Arthur Aharonyan fait entendre derrière les tournures de mélodies souvent simples une mélancolie à laquelle il est difficile de ne pas s’abandonner.»
Phillippe Venturini