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(Fr) Trois Sonnets (2010-2015) chœur féminin

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Cet œuvre est composé de trois mouvements sur les textes de Louise Labé, dans l’ordre suivent:

N 8 « Je vie je meurs » 3’30

N 18 « Baise m’encor » 1’30

N16 « Après qu’un temps la gresle et le tonnerre » 2’30

Louise Labé
(1516?-1565)

VIII e sonnet

Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie.
J’ai chaud extrême en endurant froidure ;
La vie m’est et trop molle et trop dure.
J’ai grands ennuis entremêlés de joie.

Tout à un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j’endure ;
Mon bien s’en va, et à jamais il dure ;
Tout en un coup, je sèche et je verdoie

Ainsi Amour inconstamment me mène.
Et quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.

Puis quand je crois ma joie être certaine,
Et être au haut de mon désiré heur ,
Il me remet en mon premier malheur.

 

XVIII e sonnet

Baise m’encor, rebaise moy et baise
Donne m’en un de tes plus savoureus,
Donne m’en un de tes plus amoureus :
Je t’en rendray quatre plus chaus que braise

Las, te plains-tu ? ça que ce doux mal j’apaise,
En t’en donnant dix autres doucereus.
Ainsi meslans nos baisers tant heureus
Jouissons nous l’un de l’autre à notre aise.

Lors double vie à chacun en suivra.
Chacun en soy et son ami vivra.
Permets m’Amour penser quelque folie :

Tousjours suis mal, vivant discrettement
Et ne me puis donner contentement,
Si hors de moy ne fay quelque saillie.

 

XVI e sonnet

  • Après qu’un temps la grêle et le tonnerre
  • 
ont battu le haut mont du Caucase,
  • le beau jour vient, revêtu de lumière.
  • 
Quand Phébus a fait le tour de la terre,
  • et qu’il regagne l’Océan à grande vitesse :
  • Sa soeur se montre avec sa tête pointue.
  • Quand le Parthe a combattu quelque temps,
  • il prend la fuite et il décoche une flèche.
  • Il y a quelque temps, je t’ai consolé dans ta détresse
  • 
et tu me reprochais la tiédeur de mes sentiments :
  • mais maintenant que tu m’as embrasée,
  • et que je suis au point auquel tu me voulois :
  • 
tu as arrosé ta flamme d’un peu d’eau,
  • et tu es plus froid que je n’étais.